Cette suite d’articles raconte l’histoire de la P2I en France et explique l’essor des plateformes d’intermédiations.

En résumé de l’article précédent : 

• une ascension fulgurante du recrutement dans le secteur de l’informatique depuis les années 90
• néanmoins freinée par la crise des subprimes en 2008
• une réaction des entreprises de consulting à cette crise par des licenciement massif et le gel des salaires.

La crise financière de 2008 a fait des grands brûlés dans le consulting

Au sortir de la crise de 2008, les entreprises de consulting ont perdu de leur superbe.

“Tous métiers confondus, le volume d’offres a diminué de 33% en février 2009 par rapport à février 2008. Si l’ensemble des filières est touché, l’informatique est parmi les plus mal loties avec une lourde chute de 40% sur la période (et une baisse de 7% par rapport à janvier).” (Le Monde Informatique)

À force de forcer à la baisse les salaires proposés, les ESNs ont de plus en plus de mal à recruter des bons commerciaux ou des bons consultants.

Pourtant, le besoin d'experts en informatique reste fort, créant une tension palpable sur le marché. 

Ce sont dans ces conditions que les dérives commencent à faire surface.

À chaque nouveau besoin d’informaticien de leur client, les entreprises de consulting, ayant rarement la bonne personne dans leurs effectifs à proposer, se retrouvent face à une liste de choix aussi peu attrayants les uns que les autres :

1 - Débauchage pour des besoins spécifiques

Le marché voit émerger des "CDI de convenance", en particulier chez les consultants expérimentés. 

Les consultants vont et viennent, acceptant le CDI de l'entreprise qui offre la mission la plus attrayante, puis passent à une autre entreprise une fois la mission terminée. Une sorte de version dégradée du freelancing.

2 - Sous-traitance en cascade

Les entreprises de consulting vont “emprunter” le consultant d’une autre société, en contrepartie d’une commission.

Cela crée des chaînes de sous-traitance, avec des commissions rétroactives et des prix qui s'envolent.

3 - Survalorisation des profils juniors

Les entreprises, qui n'ont que des profils juniors en intercontrat, tentent de vendre ces profils comme des experts, allant parfois jusqu'à refaire les CV pour les rendre plus attractifs.

4 - Recrutement de travailleurs étrangers

Un sujet à part entière, que j’aborderais avec plaisir dans un prochain article.

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Sur ces 4 points, je vous laisse découvrir le rapport de la MUNCI en 2011 qui est une mine d’or d’informations à ce sujet.

En bref, la qualité n’est plus au rendez-vous, et les clients sont de plus en plus mécontents par les dérives de leurs fournisseurs.

De leur côté, beaucoup d’ESN sont désormais qualifiées de “vendeuses de viande”.

Le consulting informatique vers un nouvel ordre social

On l’a compris. Avec l’évolution toujours plus rapide des nouvelles technologies, des usages et avec le modèle existant du consulting qui ne tient plus la cadence, il faut trouver de nouvelles manières de travailler.

En sortie de crise, le besoin repart de plus belle, mais la confiance dans certains acteurs historiques a diminué.

Arrivent alors des entreprises comme Octo, qui rémunèrent généreusement leurs experts, les vendent par ailleurs à des prix élevés, en ne se concentrant que sur de l’expertise. 

Cette nouvelle approche correspond à l’attente croissante des clients pour une qualité irréprochable.

Parallèlement, les commerciaux et consultants continuer de quitter les rangs des ESN classiques : 

• ils réalisent que le sacro-saint CDI à vie promis n’est plus une garantie ;

• et que le marché, porteur, est prêt à payer cher pour leur expertise.

Certains créent ou se tournent vers des ESN plus petites et plus humaines, spécialisées dans l'expertise. D'autres deviennent freelances, un phénomène qui ne cessera de croître à ce jour.